N° 57 Alexandre POUSSIN - Marche avant

L’ouvrage d’Alexandre Poussin, intitulé « Marche avant » aux éditions Pocket, peut donner l’impression d’un livre retraçant les aventures d’un marcheur invétéré. L’annotation de la page de couverture «  guide à l’usage des aventuriers de grand chemin et des voyageurs immobiles » semble le confirmer. Mais il n’en est rien. L’ouvrage développe progressivement – à partir de cette idée de « marche » - exposé très profond sur une succession de « concepts », une philosophie de vie et propose un rapport vis à vis de notre planète et des humains qui est exceptionnel.

Nous retiendrons en particulier 3 citations :

P.70       « l’aventure n’est pas la finalité, dans l’exploit, mais dans le moyen, dans le quotidien, qui sous des dehors parfois anodins recèle des trésors d’humanité, qui surpassent en beauté les plus beaux paysages. Il y a des pans entiers de la planète à redécouvrir avec une démarche nouvelle ; l’exploration est culturelle et dans les cœurs, elle n’est pas géographique. Il faut réinventer un nouvel usage du monde, car le monde est trop beau pour être vrai ! »

La démarche environnementale n’a pu échapper à l’auteur. Elle l’a même touché au cœur, à travers ses pérégrinations, l’amenant à exprimer une belle diatribe :

P.227 « … le marcheur du monde a le syndrome de l’astronaute […] Il a compris que le monde était fermé, que notre petite planète était une poussière d’étoile et qu’il fallait la préserver. Comme lui, quand il voit les ravages causés à la nature, les forêts, la mer, à la biodiversité, il se demande parfois si l’humanité n’est pas une volée de criquets qui s’est abattue sur un champs clos ; si l’espèce nuisible sur la planète n’est pas celle à laquelle il appartient : la onzième plaie ! »

Le 3^ème extrait de l’ouvrage évoque justement Pierre Rabhi, qui avait fait l’objet de notre dernière note de lecture.

P.249/250 « Et voici la modernité face à une immense déconvenue. Non seulement le progrès pour tous se révèle n’avoir été qu’un mythe, un vœu pieux, mais les dommages en découlent pour l’humain et la nature constituent une combinatoire conduisant à l’enlisement, voire à la finitude de notre histoire. Nous sommes pour la première fois, et comme en un ultimatum, sommés de changer pour ne pas disparaître. Le changement ne peut se suffire de quelques aménagements de notre modèle d’existence erroné, mais d’un changement de paradigme, plaçant résolument, honnêtement, l’humain et la nature au cœur de nos préoccupations. »

Cet ouvrage est une « mine » d’informations, de commentaires percutants et Alexandre Poussin fait ici preuve à la fois d’une sincérité et d’un engagement intellectuel et philosophique tels qu’ils nous touchent profondément.

Très bonne lecture !